Trois nouveaux collaborateurs ont rejoint le conseil d’administration de FERUS lors de notre dernière AG. Yves Paccalet, ancien associé du Commandant Cousteau, écrivain, philosophe, journaliste et naturaliste de renommée internationale ; Martine Bigan, ex-fonctionnaire du ministère de l’écologie, qui a suivi les dossiers grands prédateurs (réintroductions ours et lynx, retour du loup), spécialiste de la biodiversité, compagne de notre regretté président Gilbert Simon ; Gérard Frigaux, ancien trésorier d’Artus (dont les actions ont conduit aux 3 lâchers d’ours de 96-97), devenu aujourd’hui FERUS. C’est évidemment pour nous un immense honneur.
Yves Paccalet vient de signer une tribune dans Le Plus qui précise les motivations de son engagement auprès de FERUS tout en témoignant avec l’humilité qui le caractérise sa reconnaissance envers nos militants :
« Ours, lynx, loup… Ils font partie de nos mythes. Les tuer, c’est tuer ce que nous sommes »
On les appelle les « féroces », les « méchants », les « mangeurs d’hommes », les « dévoreurs de troupeaux ». En vérité, ils sont plutôt les mal-aimés, les indomptables, les images de la variété de la vie, les plus beaux symboles de la liberté ! Et ils ont besoin de nous. Nous avons besoin d’eux. Ils sont en péril. Nous blessons à mort notre espèce en les faisant disparaître…
Lutter, malgré les difficultés politico-financières
Le 9 mai dernier, je participais à l’assemblée générale de l’association Ferus, à Laguiole, dans l’Aubrac. Ce vaste plateau volcanique, à 1000 mètres d’altitude, mérite son surnom de « pays en plein ciel ». Entre les rocs de basalte noir, s’étalent des immensités d’herbes nouvelles, piquetées de pulsatilles violet sombre, de jonquilles solaires et de narcisses des poètes parfumés comme des fragments de paradis.
Dans la salle de réunion, les militants sont studieux. Le président, Jean-François Darmstaedter, expose son rapport moral. Les responsables des réseaux locaux évoquent le travail réalisé dans leur secteur. Le trésorier, Jean-Baptiste Lanaspèze, présente avec humour la façon dont, comme toutes les autres associations de défense de la nature, Ferus tente de s’en sortir, nonobstant la réduction des aides publiques et l’hostilité de nombre de politiciens, plus prompts à soutenir les actes délictueux des chasseurs et des saccageurs de l’environnement, que le travail des amis des espèces sauvages et de leurs écosystèmes.
L’assemblée de Ferus me demande de devenir membre du Conseil d’administration. Le lendemain, ce dernier me propose d’être nommé vice-président. Dans les deux cas, j’accepte avec enthousiasme et je rends grâces aux militants pour l’honneur qu’ils me font.
Défendre la faune sauvage
Ferus prend résolument et fièrement la défense de la faune sauvage, notamment les trois grands prédateurs de notre zone métropolitaine : l’ours, le loup et le lynx. Tous ces animaux, à des degrés divers, sont menacés par la folie bétonneuse, la rage chasseresse et la bêtise destructrice de notre espèce. Il est temps de changer cet état d’esprit.
Pour apporter ma pierre à l’édifice des bâtisseurs de meilleurs rapports entre l’homme et la nature, je rédige aujourd’hui cette adresse aux responsables et aux militants de Ferus, et je l’intitule : « Merci pour ce que vous faites ! »
Partout dans le monde, les espèces sauvages sont malmenées, attaquées, piégées, empoisonnées, vendues en captivité ou sur les marchés de brousse, abattues au fusil ou à la kalachnikov, éliminées avec une sorte de fureur obsessionnelle. En France, des voix remplies de haine s’élèvent pour que soient massacrés les loups, les lynx ou les ours des Pyrénées.
Des clés de voûte du règne animal
Hélas, les autorités de l’État, poussées par quelques politiciens à courte vue, quelques éleveurs et des chasseurs braillards, autorisent ce que jamais je n’aurais cru possible : des « prélèvements », des « tirs d’effarouchement » (ah ! ces litotes !) d’espèces protégées jusque dans nos parcs nationaux !
Les victimes de cet holocauste sont nécessaires à l’équilibre des grands milieux naturels. Ce sont des espèces « clés de voûte », dont dépendent des centaines d’autres, et qui assurent la solidité des chaînes alimentaires et la stabilité des écosystèmes…
Les créatures de nos rêves et de nos mythes
Il y a plus important : ces animaux superbes font partie de nos rêves. Comment chiffrer, pour l’enfant, l’importance de savoir que le loup du « Petit Chaperon rouge » trotte encore « pour de vrai » dans la forêt ? Comment les petits Inuits accéderaient-ils à leur mythologie si l’ours polaire, le narval, le requin du Groenland et le phoque venaient à manquer ? Comment les gamins de l’Inde comprendraient-ils le Ramayânâ s’il n’existait plus ni éléphants d’Asie, ni tigres (Shere Khan), ni ours lippus (Baloo !), ni cobras à lunettes ? Pour les petits Africains, que signifieraient les histoires racontées par le griot, sous le baobab, sans l’éléphant d’Afrique, le crocodile, la panthère et le lion ?
En anéantissant les grands prédateurs et les grands herbivores, ainsi que la faune et la flore qui leur sont associées, nous ferions disparaître des créatures indispensables à l’équilibre de notre planète. Nous nous priverions d’espèces uniques et merveilleuses, que l’évolution darwinienne a forgées et perfectionnées durant des millénaires.
En détruisant ces splendeurs qui, parfois, nous blessent ou nous tuent, nous perdrions bien davantage. Nous nous couperions des racines mêmes de notre culture. Nous interdirions à nos enfants des spectacles de nature sublimes, mais nous les isolerions surtout de la plupart de nos récits mythologiques, de nos romans, de nos peintures, de nos films, de nos BD et de nos plus beaux poèmes.
A lire sur Le Plus : Ours, lynx, loup… Ils font partie de nos mythes. Les tuer, c’est tuer ce que nous sommes
Le blog d’Yves Paccalet –> ICI.