La Gazette des Grands Prédateurs N° 87 (mars 2023)

Sommaire :

• Editorial. Par Catherine Bouteron
• Du nouveaux dans les réseaux ! Par Olivier Guder.
• Actus Loup. Des loups aux quatre coins de France mais… Par Sandrine Andrieux.
• Avis de FERUS sur l’état de conservation du loup en France au regard des exigences de la Directive Habitats-Faune-Flore. Par Vincent Vignon.
• Actus Lynx. Le lynx semble étendre progressivement sa zone de présence. Par Olivier Guder.
• Actus Ours. Dossier Ours : quand on veux piquer son chien, on dit qu’il a la rage. Par Patrick Leyrissoux.
• Vivre avec les loups ou une semaine de tournage dans les Abruzzes avec l’équipe de Jean-Michel Bertrand. Par Daniel Madeleine
• Rencontre avec Lycka. Par Paul Obringer.
• Le patou ne fait pas tout – Rencontre avec l’association VIE. Par Catherine Bouteron.
• Moments exceptionnels. Par Noël Jeannot.
• Dans l’intimité d’un ours. Par Alain Victor.
• Utilisation fréquente d’un site sur une longue période par des lynx. Par Vadim Sidorovich et Irina Rotenko (traduction Jean-Paul Génot).
• Le Wood River Wolf Project. Par Suzanne Asha Stone (traduction de Catherine Frizat).
• Actus monde.
• Galerie par Carine Lauber

Photo de couverture : Julien Fraye (Jura)

Editorial

par Catherine Bouteron, membre du Conseil d’Administration de FERUS et animatrice du réseau Alpes Sud

Perspectives toujours aussi peu engageantes pour nos prédateurs en 2023

2023, 30 ans déjà depuis le retour officiel des loups en France comme pour symboliser une biodiversité en plein épanouissement et pourtant les perspectives envisagées par nos décideurs à l’égard du prédateur sont pour le moins peu enthousiastes. Les syndicats agricoles
finiront-ils par convaincre nos responsables politiques qu’un déclassement du loup des espèces strictement protégées est la seule alternative au final dans la lutte contre la prédation ?

Heureusement, et pour l’instant, la grande adaptabilité du loup a permis à la fois sa progression démographique (un peu moins de 1000 loups) et géographique avec une cinquantaine de départements actuellement concernés par sa présence même si la reproduction reste toujours
majoritairement concentrée sur les Alpes et la Provence.

Les moyens de protection, bien-que de plus en plus généralisés et efficaces, risquent d’être boudés au détriment de zones déclarées non protégeables dans lesquelles les tirs, déjà en constante augmentation par un jeu de dérogations à tout va, peuvent mettre un terme à la
colonisation de certaines régions par le loup. Le nouveau plan loup qui sera en vigueur en 2024 scellera-t-il cette nouvelle vision de cohabitation ? Pourtant, dans la zone cœur du parc national des Ecrins, là où les tirs sont strictement interdits, le nombre de constats de dégâts
a diminué par rapport à 2021 (53 en 2021/27 en 2022) un bon exemple de réussite quant à l’utilisation et à la bonne mise en place des moyens de protection !

En ce qui concerne notre beau félidé le lynx, sa réapparition timide mais remarquée dans les Vosges est encourageante. Sa population cependant reste très fragile, victime d’un grand nombre de collisions routières et de trop nombreux braconnages. Cet animal très discret est pourtant peu concerné par la prédation sur les animaux domestiques. Tout comme le loup il symbolise un retour à l’équilibre d’une nature originelle que nous avons négligée et qui se restaure petit à petit avec le retour de nos forêts.

La condition de l’ours n’est guère plus enviable : malgré les naissances, ses effectifs restent trop faibles pour permettre un bon état de survie de l’espèce en France. C’est pourquoi le remplacement des animaux tués (de cause humaine) est indispensable dans l’optique d’un brassage génétique sans lequel la population ursine est vouée au déclin. Il en était pourtant question, parole de politicien, et là encore rétropédalage !
Cette année sera encore pleine de défis pour défendre nos convictions mais nous resterons plus que jamais vigilants, déterminés et force de propositions !