La Gazette des Grands Prédateurs N° 89 (automne 2023)

Sommaire :

• Editorial. Par Denis Doublet.
• Actus Loup. Un mauvais Plan pour tuer plus de loups. Par Sandrine Andrieux.
• Actus Ours. Chroniques du pays des ours. Par Patrick Leyrissoux.
• Actus Lynx. A quand des estimations récentes sur la population de Lynx en France ? Par Olivier Guder.
• 2023, l’année de Parole de Patou. Par Fannie Malet.
• Parole d’Ours / Parole de Loup / Parole de Lynx : saison 2023
• Le Groupe Loup PP Alpes. Par Roger Mathieu.
• A la recherche de l’ours. Par Thomas Julienne.
• Wolves across borders : une nouvelle phase dans la conservation du loup en Europe. Par Catherine Frizat.
• Ma rencontre avec le fantôme des forêts. Par Gloria Daillet.
• Galerie Livre « En quête de l’invisible – à la recherche du loup » par Patrice Van Oye

Photo de couverture : Stéphane Raimond (plateau de Millevaches, Corrèze)

Editorial

par Denis Doublet, vice-président coordinateur loup de FERUS

Plan Loup : haro sur une espèce strictement protégée

Ce 18 septembre, le gouvernement nous a présenté en Groupe National Loup le projet du Plan National d’Actions Loup (PNA) 2024-2029 (voir p.6).

Colère, incompréhension, gâchis.

La faute à l’État français qui casse un travail de concertation qui a mis du temps à s’installer au fil des réunions. L’état de conservation de la population lupine n’a pas été évalué donc comment proposer un nouveau PNA en affirmant qu’il va s’appuyer sur la science ?!

Des éléments scientifiques (note de FERUS sur l’ état de conservation du loup en France, voir Gazette 87) et des propositions inter-associatives (voir Gazette 88) ont été transmis au Groupe National Loup, à tous les services de l’État et aux ministères de l’environnement et de l’agriculture sans aucune réponse de leur part.

L’image négative du loup est encore renforcée dans ce nouveau PNA et les bénéfices de sa présence dans les écosystèmes ne sont absolument pas évoqués. Au contraire, une étude programmée dans le plan a pour but de montrer son impact négatif sur la Biodiversité ! Inversement, un axe entier sur les quatre que compte le PNA vante et met en avant le pastoralisme et les bénéfices qu’il apporte à la Biodiversité sans jamais évoquer, comme pour toute activité humaine, qu’il y a aussi des impacts négatifs qui sont d’ailleurs documentés. Ce nouveau PNA est un véritable plan en faveur du pastoralisme et a complètement perdu de sa substance. Rappelons pourtant que les PNA doivent : « organiser un suivi cohérent des populations de l’espèce ou des espèces concernées ; mettre en œuvre des actions coordonnées favorables à la restauration de ces espèces ou de leurs habitats ; faciliter l’intégration de la protection des espèces dans les activités humaines et dans les politiques publiques. » (ministère de la Transition Écologique).

Mais l’État a délibérément proposé un plan de sauvegarde du pastoralisme en réponse aux organisations agricoles. Aucune évaluation du plan actuel n’a été réalisée alors. Comment produire un nouveau PNA sans cette étape indispensable à tout PNA qui se respecte. Et que dire de la part importante consacrée à étudier la possibilité d’un déclassement de l’espèce, ce qui est une grande première en matière de PNA…

Nous ne pouvons qu’espérer que ce PNA bâclé et rédigé à la va-vite soit revu dans son intégralité et que tous les acteurs du dossier pourront à nouveau se réunir pour avancer sur la conservation et la protection du  loup mais également sur la protection des troupeaux pour laquelle FERUS est impliqué depuis de nombreuses années auprès des éleveurs. La cohabitation est possible si l’on s’en donne les moyens et surtout si on les utilise !

« C’est intolérable, affirme Denis Doublet, vice-président de l’association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs, FERUS. Politique de gestion de la population lupine et non de la conservation de l’espèce, renforcement des tirs dérogatoires, plaidoyer pour le pastoralisme et communication négative sur le loup… L’État réduit à néant tout le travail réalisé depuis de nombreuses années en produisant un plan bâclé et sans évaluation. »

Le Monde, 18 septembre 2023