Pas de sexe pour les deux ours mâles béarnais
Par Frédéric Lewino
Article Le Point.fr, 1er juin 2011
Sarkozy a tranché : pas de nouvelle fiancée pour les deux ours béarnais dont l’épouse commune avait été tuée sur la route en 2007.
En fait, une fois de plus, le gouvernement se couche devant les anti-ours. Chasseurs et éleveurs de brebis, principalement. Pour eux, ce plantigrade ne représente pas seulement un carnassier susceptible d’égorger des centaines de moutons (ce qui est absolument faux), il est aussi le symbole d’une écologie « parisienne », dont ils ont horreur. Si le lâcher avait dû se faire, ils menaçaient de reprendre la lutte, en maculant par exemple de sang le fronton des bâtiments publics. À un an des élections présidentielles, la majorité ne pouvait se permettre cette nouvelle fronde locale. Et tant pis pour la stratégie nationale pour la biodiversité présentée en grande pompe par le ministère de l’Écologie le 19 mai dernier.
Pilules amères pour NKM
« Quand il faut passer dans le concret, ce sont les agendas politiques, les lobbies et les enjeux électoralistes qui priment », accuse Christine Sourd du WWF (Fonds mondial pour la nature). Gilbert Simon, président de Ferus (Ours-Loup-Lynx Conservation), ajoute : « Il est incroyable que le président de la République se préoccupe lui-même de l’avenir de l’ours, c’est comme si Obama avait son mot à dire sur le puma des Rocheuses. » Au cabinet de la ministre, on reconnaît avoir pris une tôle sur ce dossier : « On ne peut pas sauver la planète tout le temps ! Et puis nous avons avancé sur d’autres dossiers », se justifie-t-on.
Pour tenter de désamorcer la colère des associations à son égard, la ministre les a aussitôt fait prévenir par son conseiller technique de l’arbitrage défavorable de l’Élysée, mais sans vraiment atteindre son objectif. « C’est vrai qu’elle possède une sensibilité verte. Sincèrement, je trouve qu’elle montre une remarquable résistance aux pilules amères. Cette femme devrait figurer dans le livre Guinness des records », remarque cet écologiste désabusé. Le lâcher de la remplaçante de Franska avait été annoncé le 26 juillet 2010 par Chantal Jouanno encore ministre de l’Écologie. Il devait intervenir ce printemps, la meilleure saison pour ce type d’opération.
Deux ours en rut sans femelles
Le renforcement de la population d’ours pyrénéens par des immigrés slovènes est une vieille histoire. Depuis 1996, six femelles et deux mâles ont rejoint le massif franco-espagnol. À ce jour, la population d’ursidés de part et d’autre de la frontière avec l’Espagne est donc estimée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) à 19 individus, au minimum. Ils sont répartis en deux groupes. Le premier, à l’ouest du massif, dans le Béarn donc, qui n’est plus formé que des deux mâles qui attendaient avec impatience leur promise slovène refusée par le président de la République. Le deuxième noyau composé de 16 ours est installé dans le centre-est des Pyrénées où ils sont mieux acceptés par la population locale qui a parfaitement compris qu’il n’y avait rien à craindre de ces cousins poilus et discrets. (…)
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Article publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Voir aussi :
– Pour le lâcher d’une ourse dans le Béarn : CYBER ACTION !!!!!! (mai 2011)
– Lâcher d’une ourse : avis favorable du CNPN (21 mai 2011)
– Ours : 16 000 signatures pour restaurer une population viable ! (février 2011)